mardi 20 décembre 2011

Les geishas et courtisanes à travers l'ukiyo-e

L'ukiyo-e « image du monde flottant » est un mouvement artistique japonais de l'époque d’Edo (1603-1868) comprenant non seulement une peinture populaire et narrative originale, mais aussi et surtout les estampes japonaises gravées sur bois.

Après des siècles de déliquescence du pouvoir central suivie de guerres civiles, le Japon connaît à cette époque, avec l'autorité désormais incontestée du shogunat Tokugawa, une ère de paix et de prospérité qui se traduit par la perte d'influence de l'aristocratie militaire des daimyos, et l'émergence d'une bourgeoisie urbaine et marchande. Cette évolution sociale et économique s'accompagne d'un changement des formes artistiques, avec la naissance de l’ukiyo-e et de ses estampes peu coûteuses, bien loin de l'aristocratique école de peinture Kano..

Les thèmes de l’ukiyo-e sont également tout à fait nouveaux, car ils correspondent aux centres d'intérêt de la bourgeoisie : les jolies femmes et les courtisanes célèbres, les scènes érotiques, le théâtre kabuki et les lutteurs de sumo, le fantastique, les calendriers et les cartes de voeux, le spectacle de la nature et des lieux célèbres.

Alors qu'il passe au Japon pour vulgaire de par sa valorisation de sujets issus du quotidien, ce genre connaît à la fin du XIXe siècle un grand succès auprès des Occidentaux, après l’ouverture forcée du pays sur le monde extérieur à partir de 1858. Les grandes collections privées d'estampes japonaises d'Europe influencent alors fortement la peinture européenne et, en particulier, les impressionnistes.

Ukiyo « monde flottant », dans son sens ancien, est lourdement chargé de notions bouddhiques, avec des connotations mettant l'accent sur la réalité d'un monde où la seule chose certaine, c'est l'impermanence de toutes choses. C'est là pour les Japonais un très vieux concept qu'ils connaissent depuis l'époque de Heian (794-1185).

Ce mot empreint de résignation, les habitants d'Edo (et, avec eux, ceux d'Osaka et de Kyoto) le reprennent au XVIIe siècle en le détournant de son sens à une époque où leur ville connaît une remarquable expansion due à son statut nouveau de capitale ainsi qu'à la paix qui règne désormais.

Le terme ukiyo apparaît pour la première fois dans son sens actuel dans Les Contes du monde flottant (Ukiyo monogatari), œuvre de Asai Ryoi parue vers 1665, où il écrit dans la préface 3 :

Vivre uniquement le moment présent,
se livrer tout entier à la contemplation
de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier
et de la feuille d'érable... ne pas se laisser abattre
par la pauvreté et ne pas la laisser transparaître
sur son visage, mais dériver comme une calebasse
sur la rivière, c'est ce qui s'appelle ukiyo.

L'utilisation du mot « ukiyo » (« monde impermanent ») pour qualifier les « images » (« e ») – estampes et peintures – de l'époque est difficile à interpréter pour les Occidentaux qui découvrent l’ukiyo-e dans la deuxième moitié du XIXe siècle : ses connotations, son ironie latente – il est chargé de religiosité alors qu'il désigne la vie bouillonnante qui tourne notamment autour des « maisons vertes » et du « quartier réservé » du Yoshiwara.

De nombreuses Geishas et courtisanes ont été représentées à travers des ukiyo-e et de nombreuses œuvres de grandes beautés sont parvenues jusqu’à nous.

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