samedi 16 mars 2013

Visions d'hier et d'aujourd'hui


Dans une société féodale et patriarcale comme l'était le Japon ancien, où la femme était reléguée au rang inférieur, les geishas, véritables intellectuelles de leur temps parviennent a imposer leurs manières et leurs instruments, à inventer des chants. Elles savent ainsi jouer du shashimen (instrument à trois cordes pincées),ou du taiko (tambour traditionnel), manier la poésie du haiku et le répertoire du théâtre nô, non sans se montrer expertes en sadô (la cérémonie du thé), shodô (l'art calligraphique) et kâdo (l'art de la composition florale).

Elles influencent leur temps dans une atmosphère emprunte d'iki, l'idéal esthétique propre à la civilisation d'Edo. Le but a atteindre est l'élégance naturelle : être iki signifie être sophistiquée dans être hypocrite, pure sans être naïve.

Quand, suite à l'ouverture du pays, les Occidentaux débarquent dans l'archipel, certaines sont stipendiées par les autorités pour distraire l'arrivant en signe de bienvenue. La geisha, première japonaise rencontrée, devient vite, aux yeux de l'étranger, le symbole de la féminité nippone.

De nos jours, dans les quartiers spécialisés de Tokyo ou de Kyoto, seuls de riches privilégiés peuvent encore croiser ces dames de compagnies raffinées qui n'acceptent de nouveaux clients que par cooptation. Prisonnières de codes restés figés, elles ne donnent néanmoins plus le ton et relèvent davantage du folklore. Certes les geishas subsistent mais la structure même de leur culture, devenue désuète, les empêche de s'adapter. A l'origine profondément innovante, cette culture se fait chaque jour plus opaque et a désormais cédé la place, y compris au Japon, à l'exotisme du passé.

D'autres jugent plutôt qu'elles maintiennent un art de vivre, une tradition artistique, et qu'elles demeurent au troisième millénaire, les icônes de l'héritage culturel des Japonais.

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